Crimes à Oxford

Publié le par Spooky



CAHIER OXFORD

Allez, on va au cinéma ce soir ! Bon, y'a quoi ? Bienvenue chez les Ch'tis ? Excellent, mais déjà vu. Il y a longtemps que je t'aime ? Mélo français... non. There will be blood, avec Daniel Day-Lewis ? Ca a l'air très bien, mais la séance est trop tardive. Bon, il y a Crimes à Oxford, un thriller mathématique avec Elijah Wood et John Hurt. Et réalisé par Alex de la Iglesia. La bande-annonce est plutôt bien faite, allons-y !

Eh bien finalement il aurait peut-être mieux valu attendre la séance de There will be blood... Il y avait pourtant de quoi passer un bon moment. Un réalisateur encensé par la critique pour Le Jour de la bête, Mes chers voisins et Le Crime farpait, mais encore en manque de reconnaissance internationale. Elijah Wood, propulsé par son rôle de hobbit dans Le Seigneur des Anneaux, et remarqué dans Eternal Sunshine of the spotless mind, Bobby et Tout est illuminé, sans oublier Hohn Hurt, inoubliable Elephant Man, et présent dans Midnight Express, le premier Alien ou encore V pour Vendetta. La ville d'Oxford, propice à de beaux décors ; une trame de thriller malin, basé sur le symbolisme et les maths...

Hélas, quatre fois hélas, aucun de ces atouts n'est exploité correctement. Oxford est filmée sur un seul pâté de maisons, autour de l'un de ses plus célèbres collèges (je le sais pour y être allé) ; les acteurs sont très mal dirigés, même John Hurt assure le minimum syndical en termes d'expressivité ; l'histoire se révèle finalement assez banale, avec en prime un twist final mal amené ; et pour finir, je ne sais pas si les autres films de'Alex de la Iglesia sont comme ça, mais j'ai plutôt eu l'impression de voir des bouts d'essais raccordés au montage. Les acteurs sont coupés dans la plupart des plans, la photographie est assez crade (même quand on voit les superbes fesses et autres rotondités gracieuses de l'Espagnole Leonor Watling, un comble). La réalisation, en plus de ça, est assez plate, sans invention. Seul un plan-séquence injustifié en début de métrage vient faire mentir cette impression. Il y a quelques passages assez drôles, où l'on esquisse un sourire, mais là encore, c'est tellement maladroit qu'on finit par se demander si c'est voulu.



Le pitch du film ? Martin (Elijah Wood), étudiant américain, débarque à Oxford pour réaliser une thèse en mathématiques. Il aimerait beaucoup être supervisé par Arthur Seldom (Hurt), en quelque sorte son idole. Mais celui-ci l'humilie presque au cours d'une conférence. Du coup, Martin s'apprête à repartir (déjà, ça paraît improbable, il a quand même traversé un océan pour venir le voir), lorsqu'il croise Seldom au sortir de la pension de famille où il habite. Ils rentrent ensemble dans la maison (pour une raison pas claire, en fait), et trouvent le cadavre de la maîtresse des lieux, visiblement étouffée par un oreiller. Seldom avait reçu un papier avec un horaire, l'adresse de cette pension de famille (la défunte est une vieille amie), et un étrange cercle dessiné. Quelques jours plus tard, un second message, cette fois-ci adressé à Martin, annonce un second décès. Les deux hommes vont discuter ensemble, pour essayer de trouver l'assassin, persuadés que celui-ci signe ses forfaits d'une façon logique.

Ce qui m'a frappé, très vite, c'est justement l'absence de logique, ou du moins la profusion d'incohérences qui jalonne le film. Dès le premier meurtre, le super-matheux prédit une suite. L'antipathie entre les deux personnages principaux est flagrante jusqu'à la découverte du premier corps, et d'un coup ils vont boire un coup au pub. Tout juste s'ils ne se font pas des bisous. Cette ambigüité est d'ailleurs utilisée comme ressort à l'intrigue, qui est bien molle du genou. Je dois avouer que je me suis clairement emmerdé pendant les deux premiers tiers du film. Dialogues creux, situations absurdes, réalisation mollassonne, ça ressemblait beaucoup à un film de commande, cette coproduction hispano-franco-britannique... Pour faire film intelligent, rien de tel que de faire dire des aphorismes pompeux à celui qui incarne la sagesse, en l'occurrence l'autorité en matière de mathématiques. C'est peut-être que je suis devenu neuneu depuis mes cours de philo (qui datent d'il y a 15 ans, je vous l'accorde), mais c'est juste chiant et inutile, comme d'ailleurs un certain nombre de plans et de personnages dans le film... Il n'y eut guère que les courbes plantureuses de l'infirmière dont Martin tombe amoureux (et qui se trouve par hasard être une ancienne maîtresse du vieux prof de maths) pour égayer ma séance. Comment ça, j'en ai déjà parlé ? Eh bien c'est ce qu'il y avait de mieux à Oxford ce soir, je le crains...

On nous promettait un thriller haletant basé sur les chiffres et le symbolisme ? Que nenni, la seule scène d'action (hormis la scène où Martin joue au docteur avec l'infirmière qui a des gros... bon j'arrête), il s'agit d'une poursuite sur les toits d'Oxford, une scène trop courte pour être efficace, d'ailleurs. Quant au symbolisme, même si la suite utilisée est vraie (ce dont je me fiche un peu, en fait), il est utilisé de façon tellement maladroite qu'on n'a vraiment pas envie de découvrir quel va être le quatrième symbole...

Bref, évitez Crimes à Oxford, qui est proche du navet, et allez plutôt faire un tour dans cette ville, qui a une atmosphère vraiment particulière.

Spooky.

Publié dans Films

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S
Arf !Il faut avoir des choses à raconter. Et en ce moment c'est limité... :(
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P
Moi je dis : JE VOTE POUR LE RETOUR DE POUGH! Bon, je sens que DH va m'applaudir pour le coup! :o))
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S
De de la Iglesia je n'ai vu que le Crime Farpait qui m'avait beaucoup plu !Bah de toute manière déjà que celui-ci ne m'attirait pas vraiment, maintenant que j'ai lu ton impression sur le film je crois que je ferai l'impasse... ou peut-être à l'occaz quand il passera sur canal.
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P
Je prends note du conseil ! ;o)Ce film me tentait pas des masses de toute façon. Prochainement, j'irai voir Astérix (en connaissance de cause !) et les Ch'tis :o)
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